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Université Mondiale de

                    Synthèse Scientifique Spirituelle

Section Éducative :
ALLIANCE UNIVERSELLE
Centre de Conscience Spirituelle
École de haute sagesse (BODHA)

 

 

LEÇON ESPÉCIALE II – Hors-Série

Par le Vénérable Maître K.H.

 

 La Havane, 5 mars, 1951.

 

Quand l’âme est lasse de souffrir et de tourner en rond sans parvenir à résoudre les grands problèmes qui l’affectent, et lorsqu’elle n’arrive pas à éviter les conflits et les misères de la vie commune qui nous hantent tels de mauvais démons, tout en nous inspirant de vilaines passions ou de hideux vices, il est tout à fait naturel qu’elle agisse comme le malade désespéré qui cherche partout les moyens de se libérer de mystérieuses emprises… C’est comme le noyé enfin qui sait que sans ultime effort, il est voué à périr en coulant au fond.

   La tragédie de l’individu se résume toujours en un manque de pleine conscience, ou de capacité pour utiliser les forces intimes de l’âme. Il possède une puissance vitale extraordinaire, mais il lui manque souvent la sagesse qui lui permettrait de bien l’utiliser, ainsi que la disposition pour mieux en faire état.

   En réalité, l’individu est toujours victime de lui-même et nous entendons ceci dans le sens le plus large du mot, car c’est lui qui choisit les lieux où devront s’écouler les évènements de sa vie, et c’est lui encore qui provoque dans les moindres détails, comme dans leurs plus fâcheuses conditions, toutes les circonstances qu’il traverse. De n’importe quelle façon que l’on veuille analyser la réalité qui touche de près la vie individuelle, il est absolument certain que l’on trouve toujours la racine des faits et la cause des évènements dans l’individu lui-même. Du reste, ceci se confirme par le fait que ces évènements qui se déroulent autour de chacun de nous, ne nous affectent pas s’ils ne nous touchent pas de près. Il faut qu’il y ait un nexus intime entre l’individu et les choses ou les évènements pour que ceux-ci l’affectent d’une manière certaine.

   La Bodha ou Conscience Spirituelle est donc une expérience intime et nous devons la prendre avant tout comme une forme d’hygiène intégrale. Dans beaucoup de cas, on devra même la considérer comme un traitement thérapeutique de l’âme, ou encore, comme une méthode de réhabilitation vitale et psychosomatique corrigeant le mécanisme neuroendocrinien. C’est toute la structure personnelle et tout le composé humain qui sont à réviser, à rééduquer dans un but de réhabilitation totale.

   Un individu souffre pour plusieurs raisons. Naturellement, l’ignorance y est pour beaucoup, mais il y a aussi le manque d’intégrité individuelle qui assure l’autonomie vitale de chacun en toutes circonstances et même, pourrions-nous dire, une souveraineté de caractère et de valeur spirituelle au cours de la vie.

   Nous crayons que l’individu est trop attaché à ses propres illusions et ses propres désirs. Parmi ceux-ci, il faut compter les traditions, les cultes, les coutumes et même les préjugés. L’homme devient assurément la victime de ses propres illusions et désirs lorsque ceux-ci augmentent en puissance et cherchent à se condenser sous forme d’habitudes, de passions ou de vices. C’est alors qu’apparaissent les traumatismes psychologiques, les névroses, les hallucinations mystiques, les psychasthénies d’origine métaphysique, les hantises d’origine psycho-pathologique, la parésie, les troubles fonctionnels d’origine psychologique, les allergies, les anomalies bio-génésiques et psycho-érotiques, enfin les diverses formes d’hystérie dues aux dysfonctions hormonales, et même les dédoublements de la personnalité et les formes les plus diverses de l’insanité.

   Il faut bien prendre en considération ce champ d’action où se déroulent les faits de la vie humaine, car nous confrontons là les conditions les plus diverses qui caractérisent l’existence. Et pourquoi ne pas le dire de suite, les troubles d’ordre psychologique et neuroendocrinien sont plus fréquents, ou si l’on veut plus d’actualité pressante, chez les personnes possédant un égocentrisme accentué. Ceci veut dire que les individus qui s’occupent le plus d’eux-mêmes, et qui cultivent un intérêt spécial dans les sphères mystérieuses de l’esprit, sont les plus affectés au sens morbide, dans les zones les plus sensitives de leur personnalité. C’est pourquoi on voit les mystiques, les rêveurs, les poètes, si souvent victimes de défauts psychiques et de conditions anormales, aux causes profondes, du ressort même des sources mystérieuses de la vitalité.

   Quoi qu’on en dise, il faut avoir le courage de trouver dans le mécanisme biologique la cause des maux qui nous affectent, et ce n’est pas en cachant la réalité sous de belles formules philosophiques ou religieuses, que l’on parviendra à réhabiliter l’individu ou à le rendre parfait, dans la mesure de ses meilleures aspirations. Envisageons donc la vie sous un jour pratique, et tâchons de résoudre ces problèmes qui hantent l’âme humaine et sont la cause de toutes les misères de ce monde.

   Ceci dit, il ressort clairement que c’est dans l’individu lui-même qu’il faut chercher la cause de tous les maux, de tous les vices, de toutes les misères et de toutes les souffrances. Quand l’être humain se comprendra, il aura la clef de toutes les formules de la vie et il possèdera le remède à tous les maux, le baume à toutes les souffrances, et la solution à tous les problèmes. Il ne faut pas chercher en dehors de nous-mêmes la cause des conflits qui se déroulent au fond de notre âme, ou les motifs de nos pires expériences. Même si les causes de tous nos malheurs devaient se trouver en dehors de nous, il est toujours plus convenable de chercher en nous la vraie source de nos misères et défaillances, ou de notre ignorance, car la vie se résume toujours en une formule en accord avec nos propres efforts, c’est-à-dire avec l’activité et la conscience qui nous caractérisent.

   Nous comprenons bien qu’il n’y a rien de plus compliqué que de guider des âmes qui ne veulent pas être conduites. C’est aussi difficile que d’inciter les gens à penser. En réalité, les âmes ont le genre de vie qu’elles méritent, et elles ne peuvent pas connaître mieux que ce que leur propre conscience leur permet.

   C’est donc bien dans le mécanisme de la conscience qu’il faut chercher les solutions à nos problèmes, la clef de tous les mystères. Quand nous disons conscience, nous entendons ce mécanisme basique de la vitalité en nous, ou si l’on veut, l’élan et l’état intime qui nous poussent vers les différents horizons de la vie et nous inspirent d’une manière assez mystérieuse pour connaître ou posséder les clefs, motifs et causes de toutes choses.

   L’individu qui végète inconsciemment poursuit une existence sans but apparent, sans réalité concrète, comme une espèce d’ombre hantée par des illusions, et superficielle comme les désirs qui l’inspirent. En de telles circonstances, on ne peut exiger des merveilles de spiritualité ou de génie créateur.

   D’autre part, les âmes avides de pénétrer les mystères de la vie sont éprises de motifs supérieurs, et même de certitudes bien précises. Dans ce cas, le mécanisme de la conscience est actif, et la vie se révèle dans ses ressorts et desseins merveilleux. La conscience agissante efface les mystères, et mène l’âme vers des conquêtes d’ordre génial et même divin.

   Dans le cas de la conscience éveillée, la psyché se trouve contrôlée, illuminée et même maîtrisée. Par-là, le mécanisme entier de la vie se déroule vers des buts sains et créateurs. Toutes les conditions biodynamiques de l’individu se développent normalement, et les phénomènes de la projection animique et du transfert psycho-émotif, sont caractérisés par un sens vigoureux, créateur et idéal.

   La vraie interprétation de la vie doit être un étalage de forces et de qualités, dans le sens existentiel du mot. Nous voulons dire par là qu’il faut analyser la réalité dans ses justes proportions, et ne pas substituer la réalité par l’idéal. L’individu est avant tout ce qu’il est, et ce qu’il doit devenir devra être façonné plus tard dans la mesure des possibilités que nous offre cette réalité. En d’autres mots encore, ce n’est pas en niant la réalité que l’on glorifie l’idéal, mais plutôt en rendant idéale la réalité, au moyen d’une transformation effective. L’idéal devra en tout temps être, surtout, la réalité idéalisée par la voie de la sublimation de ce qui est déjà.

   La conduite de l’individu dépend d’une manière immédiate de ses propres conditions intimes. Il ne faut donc pas chercher la cause des défauts de la personnalité dans les normes de conduite ou dans les systèmes idéologiques, pas plus que dans les méthodes de culte, mais plutôt dans la structure de cette même personnalité. Une personnalité malade, agressive, viciée ou monstrueuse, est avant tout déviée du sens biologique normal, et si nous l’analysons bien, nous découvrirons la cause de ces défauts, misères, souffrances ou malheurs dans son attitude mentale, ou si l’on veut, dans la tonique de pensée adoptée.

   Toute la psychothérapeutique ou médecine de l’âme se résume dans le mode de pensée, ou plutôt dans l’attitude du mécanisme mental de l’individu.

   Ces notions sont à comprendre. Il faut bien les étudier. Chacun bénéficiera de manière extraordinaire en s’attachant à ces formules fondamentales de la vie.

   Nous n’entendons nullement pontifier et nous ne dictons aucun dogme. Nous nous réduisons ici à statuer en quelque sorte sur les conditions de la vie saine, et à révéler les motifs des déviations de l’énergie vitale ainsi que du caractère de toute personnalité.

   L’étudiant devrait dès maintenant être imbu de la tâche qui lui incombe près de nous, et commencer à considérer la vie du point de vue de la thérapeutique transcendantale. Le propre du Sage, c’est de bien se connaître. Le propre de l’Étudiant de la vie, c’est d’insister et de chercher sincèrement à se connaître lui-même.

   Notre tâche sera d’autant plus facile à l’avenir que nous saurons nous efforcer dans cette voie d’une manière absolument sincère. C’est à nous de ne pas manquer cette opportunité en perdant le chemin qui s’avère déjà plein de transcendantale lumière.

   Essayez de poursuivre la tâche admise en pleine conscience, et jusqu’au bout. Et si par malchance, vous deviez un jour changer d’idée, espérons que ce ne soit pas de manière contraire aux heureux desseins qui vous inspirent maintenant.

   Bien à vous,

 

Maha Chohan

KUT HUMI LAL SINGH

Signature autographe : KH